Arles
Vernissage le 13 avril 2022
Christine Spengler
C’est en 1970, au cours d’un périple au Tchad au côté de son jeune frère Éric que Christine Spengler découvre sa vocation : « j’apprendrai mon métier sur le terrain pour devenir correspondante de guerre et témoigner des causes justes », annonce-t-elle. Elle a depuis couvert plus de conflits qu’aucun homme. Loin du sensationnalisme, la photoreporter française a su montrer les horreurs de la guerre avec pudeur et empathie. Après son arrestation à Beyrouth (1984) par les combattants morabitounes qui l’accusent d’être une espionne sioniste, elle rentre à Madrid et fait le serment de créer, pour chaque photo de deuil prise au cours de sa carrière, une photo de vie, un hymne à la beauté. Au cours d’un « pèlerinage interdit », elle retourne à Mulhouse, en 1983, sur la tombe de son frère, décédé dix ans plus tôt. « Comme les femmes dans les cimetières des martyrs en Iran, je décide de rendre hommage aux êtres aimés. Je cours jusqu’à la maison familiale récupérer des portraits, et je vais acheter une pellicule couleur. Puis j’entoure les portraits de mes êtres chers de sable, de gravier, de verre brisé. Je les pare de tissus aux couleurs éclatantes et je photographie mes installations », se souvient l’artiste, réconciliée avec la couleur. À chaque retour de reportage, elle réalise des photos couleur inspirées par le musée du Prado et sa mère, artiste surréaliste, Huguette Spengler.
« Avec ces photomontages baroques et colorés, j’ai trouvé le moyen d’abolir la frontière entre les vivants et les morts », précise l’artiste. Hommage aux défunts, exorcismes de la douleur, ses créations oniriques redonnent vie à ses souvenirs d’enfance. Conçue à partir de son ouvrage du même nom, l’exposition Vierges et Toreros nous emmène à Madrid, non loin du musée du Prado, des arènes de Las Ventas et de l’appartement où vécu le torero Manolete (Manuel Diaz Rodriguez) décoré de portraits du monde taurin. « Je suis arrivée à Madrid à l’âge de 7 ans. J’étais fascinée par les couleurs et la préciosité de leurs vêtements. J’étais sidérée par la dignité qu’ils dégageaient dans leurs poses ! » Pendant des mois, Christine Spengler a photographié les plus célèbres toreros, leurs amantes, les cupletistas et les Vierges devant lesquelles ils se recueillaient avant de rentrer dans l’arène. Comme pour ses proches ou ses icônes – Maria Callas, Frida Kahlo, Marguerite Duras – elle entoure leurs portraits d’objets et de fleurs qui leur correspondent, comme des ex-voto.
« Pourquoi ne fais-tu pas des photos d’art qui te réconcilieraient avec la vie ? », lui demande un jour son compagnon Philippe Warner, artiste lui aussi. En plus de renouer avec les vivants, Christine Spengler propose, dans ses photomontages, un monde où le sublime l’emporte sur la mort. À cette occasion, l’artiste présentera une série de tirages Cibachrome inédits, dédiés à la tauromachie, réalisés par le maître Roland Dufau, qui seront proposés à la vente. Le livre Vierges et Toreros, contenant des portraits spectaculaires accompagnés de calligraphies inédites de Christian Lacroix, sera également proposé au public.
Texte : Anaïs Viand
La gallery sera exceptionnellement fermée le 8 et 9 décembre 2023
Paris
2, rue de l’Hôpital Saint-Louis
75010 Paris
Arles
19, rue Jouvène
13200 Arles
contact@fisheyegallery.fr
+33(0)1 40 37 24 19
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